Jurassic Park a créé des vocations : cinq paléontologues témoignent du rôle qu'a joué ce film dans leur vie

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Jurassic Park a créé des vocations : cinq paléontologues témoignent du rôle qu'a joué ce film dans leur vie

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Le Dr Alan Grant dans le film "Jurassic World : Le Monde d'après".
Le Dr Alan Grant dans le film "Jurassic World : Le Monde d'après".
- Universal Pictures International

"Jurassic World 3 : Le Monde d'après" sort ce mercredi. Presque trente ans après la sortie du premier Jurassic Park, la fascination pour les dinosaures est toujours aussi grande. Elle a même crée des vocations chez les jeunes paléontologues, biberonnés à ces films. Cinq d'entre eux témoignent.

Les dinosaures reviennent dans les salles obscures, avec "Jurassic World 3 : Le Monde d'après". D’anciens personnages cultes sont eux aussi de retour, comme le paléontologue au chapeau et à la chemise en jean, le Dr Alan Grant, joué par Sam Neil. Jeff Goldblum reprend son rôle du Professeur Ian Malcolm. 28 ans après le premier film réalisé par Steven Spielberg, le monde des dinosaures continue d'émerveiller. France Inter a rencontré de jeunes paléontologues, qui ont vu très jeune Jurassic Park. Bercés à ces films, pour certains, ils ne sont pas restés insensibles, jusqu’à en faire leur métier.

"Jurassic Park m'a donné encore plus envie de m'intéresser à ces animaux"

Jonathan Lafont a 29 ans. Après des études en paléontologie à Poitiers, il s’est reconverti dans la médiation scientifique. Il anime une chaîne sur Youtube Paléo-J.

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"Quand j’étais enfant, la première chose dont je me souviens ce sont des dessins animés comme "Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles". Cela m’a fasciné. Quand j'ai vu pour la première fois Jurassic Park, cela m’a donné encore plus envie de m’intéresser à ces animaux. Les dinosaures présentés comme de vrais animaux et qui ne pas font pas forcément peur m'ont fasciné, avec le réalisme des effets spéciaux. On voyait leur taille gigantesque. En tant que médiateur scientifique, c’est une très bonne source de départ pour discuter avec les enfants. Ma vocation a été influencée en partie par Jurassic Park. Même l’un des consultants de la saga, Steve Brusatte, le dit, il avait trouvé que les films sont ce qui est arrivé de plus important à la paléontologie car cela avait ancré les dinosaures dans l’imaginaire collectif. Je n’aime pas trop les derniers films, mais ils peuvent toujours susciter de la fascination pour ces animaux-là et donc des vocations. Après, il faut voir si elle perdure entre l’enfance et l’âge adulte."

"Des paléontologues sont habillés comme le Dr. Alan Grant"

Diane Dabir-Moghaddam, 28 ans (elle est née l'année de la sortie du premier Jurassic Park), a travaillé au Centre de recherche en paléontologie de Paris. Elle étudie les temnospondyles, des amphibiens du Trias jusqu’au Crétacé.

"Je suis devenue paléontologue grâce aux documentaires, aux films, tout ce avec quoi on nourrit les enfants quand on leur parle de science quand ils sont petits. Dans Jurassic Park, les dinosaures sont présentés comme des monstres. Mais il y a plein de fois où j’avais envie d’aller là-bas, comme dans la scène de la plaine aux dinosaures.

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Chez mes camarades de promotion du muséum, je ne serais pas étonnée qu’une bonne proportion ait leur tee-shirt de Jurassic Park. Pour certains, c’est une personnalité. Quand ils vont sur le terrain, ils sont habillés comme le Dr. Alan Grant. Quand je vois mes camarades qui font toutes ces années d’étude pour déterrer du dinosaure sur le terrain, et finalement se retrouvent face à un mur, car le temps de recherche sur le terrain est assez court... Il y a beaucoup de temps passé au bureau, à traiter les données. Et puis je regrette que l’on parle que des dinosaures, le reste n’intéresse pas quand on en parle, il y a pourtant d’autres groupes, comme celui des insectes fossiles, sur lequel je travaille, c’est tout un monde d’espèces qui ne sont plus représentées aujourd’hui.

"Avec Jurassic Park on commence à voir les dinosaures autrement"

Valentin Prugneaux, 32 ans, paléontologue et médiateur scientifique pour une exposition temporaire dans le Maine-et-Loire, président de l’association La Paléosphère.

"Ma passion pour la paléontologie remonte en 1993, j’avais trois ans, et j’ai regardé pour la première fois "Le Petit dinosaure et la Vallée des merveilles''. Dans mon enfance, adolescence, au lycée, j’ai toujours été porté par les dinosaures. Jurassic Park, j’avais cinq ans, ça m’a tout de suite plu ! Il s’inscrit dans un moment où l’on avait pas mal d'idées reçues sur les dinosaures, on commençait à voir les dinosaures d’une autre manière, un peu plus proche des oiseaux que des reptiles, des lézards et des crocodiles. Le film commençait à mettre en avant cet aspect-là. Je me vois encore dans le couloir avec mes jouets, avec un T.rex télécommandé, à détruire une ville comme dans "Le Monde perdu".

Les dinosaures, c’est le groupe le plus connu dans l’univers de la paléontologie. Mais la paléontologie, c’est comme un iceberg. La surface que l’on voit ce sont les dinosaures, à la limite les mammouths laineux, les grands mammifères. Et il y a tout ce qu’il y a en dessous de la surface, tout ce que l’on oublie : les plantes, les invertébrés etc. Il faut élargir la vision. Les dinosaures sont une toute petite partie dans un gros laps de temps. Ce que je trouve le plus passionnant, ce sont les invertébrés, les gastéropodes. Au-delà des gros monstres, il y a un univers plus complexe."

"Jurassic Park c’était une belle image, mais pas réaliste"

François-Louis Pelissier, 25 ans, a terminé ses études de paléontologie à Paris. Il est à présent médiateur scientifique et paléontologue au muséum départemental du Var à Toulon. Il tient lui aussi une chaîne sur YouTube F-L Reptile.

"Ma passion pour la paléontologie est venue des premiers fossiles que j’ai découverts quand j’étais petit et après j’ai vu Jurassic Park. Quand j’étais petit, Alan Grant, c’était l’archétype. C’était une belle image, mais ce n’est pas réaliste. Ce qui m’a impressionné, c'est la représentation des dinosaures, ils étaient très bien faits, j’y croyais. Pour moi, maintenant, ce n’est que du divertissement. Scientifiquement, les dinosaures de Jurassic Park sont des représentations scientifiques qui correspondent à la fin des années 60. Ce qui me plaît dans ce métier, c’est être avec les fossiles, ils ont une histoire. C’est le témoin d’un lointain passé, une archive naturelle rare. Le fossile transporte l’émotion de son histoire. J’aime me poser des questions sur un objet qui a plusieurs millions d’années."

"Ces films stimulent l’imagination"

Alexandre Assemat, 28 ans, est paléontologue à Montpellier, il mène sa thèse sur l’impact d'une crise biologique majeure sur les chaînes alimentaires des vertébrés marins, et notamment les requins.

"J’ai vu les films, j’étais tout petit. Je ne peux pas dire que c’est Jurassic Park qui m’a dirigé vers la paléontologie, mais cela me fascinait. C’était inconnu, disparu. Je me disais que des dinosaures avaient foulé le même espace que nous. Le rôle que ces films ont, c’est de s’intéresser à la paléontologie. Ils stimulent l’imagination. C’est une première approche vers la vulgarisation scientifique. La dernière fois, lors d’un covoiturage, j’ai parlé dinosaures avec un enfant pendant tout le trajet. La vision du paléontologue aujourd’hui, c’est Alan Grant, mais il y a beaucoup d’autres choses dans ce domaine. Dans l’absolu, on passe beaucoup de temps devant un ordinateur, et un peu de temps sur le terrain, pour découvrir de nouveaux gisements, comme dans l’Hérault, ou au Maroc. On doit mener des analyses, faire des statistiques, de la description et puis on rédige un article pour partager nos trouvailles."

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