Le rôle ambigu des Premiers ministres

À l’occasion d’un remaniement, Emmanuel Macron a nommé Jean Castex au poste de Premier ministre le 3 juillet, en remplacement d’Édouard Philippe. Répondant à une question sur la façon dont il envisageait sa mission, Jean Castex a déclaré dimanche dernier au JDD : « Quand vous aurez appris à me connaître, vous verrez que ma personnalité n’est pas soluble dans le terme de “collaborateur” ». La fonction de Premier ministre n’existe officiellement que depuis l’instauration de la Ve République en 1958. Si la Constitution décrit ses missions, la pratique du pouvoir partagé avec le président de la République n’a pas toujours été évidente.


À l’origine

La fonction de « Premier ministre » n’existe officiellement en France que depuis 1958. Auparavant, le statut de chef de gouvernement a connu plusieurs appellations. Celle de « Premier ministre » ou de « principal ministre d’État » a déjà été employée au cours de l’Ancien Régime, mais sans avoir d’existence officielle. Elle désignait alors le principal conseiller du roi. C’est le cas par exemple du duc de Sully, sous le règne d’Henri IV (1589-1610), tel qu’il le décrit dans ses mémoires. À partir de la Seconde Restauration (1815-1830) apparaît le poste de « président du Conseil » ou de « président du Conseil des ministres », que Talleyrand est le premier à occuper. C’est à lui que revient d’établir des liens entre le chef de l’État – roi à l’époque, président plus tard – et le Parlement et de diriger le gouvernement, même si le Conseil des ministres est officiellement présidé par le chef de l’État. La fonction de « président du Conseil » n’est officialisée qu’avec l’adoption de la Constitution instaurant la IVe République en 1946.

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