La France a pris samedi dernier pour six mois la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, qui rassemble les ministres des États membres en fonction du sujet concerné. Pays fondateur des premières institutions européennes, la France a été centrale dans la construction européenne dans la deuxième moitié du XXe siècle, notamment à travers le couple franco-allemand.
Après la Seconde Guerre mondiale, la France prend un rôle capital dans la construction européenne en impulsant la création, en 1951, de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, qui rassemble l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. Ces six pays vont approfondir leur intégration économique en signant, en 1957, le traité de Rome, qui fonde la Communauté économique européenne (CEE). Pour le général de Gaulle, au pouvoir à partir de 1958, l’intérêt d’une unification européenne réside « dans le poids international qu’elle donnera à un continent qui sera sinon dépassé par d’autres, et notamment par les États-Unis », explique l’historienne Marion Gaillard dans son livre « France-Europe », publié en 2010. Mais le président français tient aussi à préserver la souveraineté de la France et s’oppose, de 1965 à 1966, au renforcement des pouvoirs européens. Il pratique la « politique de la chaise vide », suspendant la participation française aux réunions du Conseil des ministres de la CEE et bloquant toute prise de décision.
Valéry Giscard d’Estaing, élu en 1974, « vient d’une famille politique plus européenne que ses prédécesseurs et a dans l’idée de faire de l’Europe une entité plus forte, plus autonome », explique à Brief.me Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert-Schuman, un centre de réflexion sur l’Europe. Le président français est à l’origine de la création, en décembre 1974, du Conseil européen, un groupe informel de discussion entre les dirigeants des pays membres de la CEE. « Ces réunions entre chefs d’État permettent de débloquer certains problèmes et sont des temps forts médiatiques de la vie politique européenne », pointe Pascale Joannin. Durant sa campagne présidentielle, Valéry Giscard d’Estaing a soutenu l’élection au suffrage universel des députés européens, jusque-là désignés par les parlements des États membres, qui sera approuvée par le Conseil européen. Dans un discours de 1977, il affirme vouloir donner « l’impulsion de la France, le sceau de son imagination et de son ambition à la nécessaire confédération de l’Europe ». La première élection au suffrage universel des députés européens a lieu en 1979.
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